Les sites du CERN s’étendent sur 625 hectares. Outre les sols utilisés pour les bâtiments et l’infrastructure, cette surface comprend 409 hectares de champs cultivés, d’espaces de loisir et de prairies, 104 hectares de forêts et trois zones humides. Ces terres regorgent d’espèces animales et végétales, dont certaines rares. Afin de mieux préserver les sols et la biodiversité, le CERN a mis en place un programme qui lui permet de comprendre et de valoriser son environnement, pour continuer d’évoluer tout en limitant l’impact de ses activités.


PRÉSERVER LE PAYSAGE

CERN-Masterplan2040En 2015, le CERN a publié son premier plan directeur, qui exposait la vision de l’Organisation concernant les besoins de développement du Laboratoire pour ses deux sites principaux (Meyrin et Prévessin) jusqu’en 2030. Cet outil important, actualisé fin 2021 pour englober la vision de l’Organisation jusqu’en 2040, permet au CERN de comprendre les conséquences concrètes de son développement et de le gérer de manière responsable. Prévoyant des mesures allant de la préservation de la biodiversité à l’optimisation des solutions de mobilité, en passant par la bonne gestion et consolidation des bâtiments et l’intégration des installations dans le paysage, le plan directeur tient compte des besoins actuels et futurs du Laboratoire (y compris un possible développement en dehors de sa zone clôturée actuelle), ainsi que de ceux de ses voisins. L’objectif est de permettre au CERN, en collaboration étroite avec ses États hôtes (la France et la Suisse), de se développer et de garantir le fonctionnement de ses installations tout en préservant et en valorisant les zones rurales et forestières voisines.

En 2021 et 2022, des travaux pour le LHC à haute luminosité (HL-LHC) ont été menés aux points 1 et 5 de l’anneau du LHC. Au point 1, cela s’est traduit par 0,9 hectare de nouvelles constructions sur d’anciennes terres agricoles, alors qu’au point 5, il a été possible de procéder aux travaux sur le site existant. La construction du Portail de la science du CERN, nouveau centre d’éducation et de communication grand public devant ouvrir ses portes en 2023, suit son cours. Ses bâtiments sont construits sur un ancien parking.

PROTÉGER LA BIODIVERSITÉ

En 2020, l’Organisation a créé un groupe de travail sur la biodiversité, dont la mission s’articule autour d’objectifs-clés allant de la conservation et de la protection des espaces naturels au développement de la biodiversité sur le domaine, en passant par la définition d’indicateurs pour un suivi amélioré. Le groupe a proposé un plan d’action pour 2021-2025 prévoyant plusieurs mesures, dont deux ont déjà été financées et lancées. Une troisième mesure, incluant une étude préliminaire des îlots de chaleur, a commencé à être mise en œuvre en 2022.

La première de ces mesures a consisté à élaborer des lignes directrices pour la prise en compte de la biodiversité dans les projets de nouvelles constructions au CERN. Au total, onze lignes directrices ont été émises, inspirées par la réglementation des États hôtes et les bonnes pratiques en matière de biodiversité. Elles traitent de divers sujets, tels que la gestion des espèces invasives, les toits végétalisés et la plantation de nouveaux arbres en tant que mesure de compensation. Dans cette optique, 100 arbres ont été plantés sur le site de Meyrin pour compenser l’abattage de ceux qui étaient trop vieux ou situés sur une zone de chantier. En outre, fin novembre 2022, le CERN a commencé à planter plus de 400 arbres de onze essences différentes autour du futur Portail de la science. Des mesures spécifiques ont été élaborées pour préserver le patrimoine naturel du CERN, mais aussi pour renforcer la biodiversité sur les terres exploitées par le Laboratoire. Ces mesures s’inscrivent dans une approche axée sur un entretien minimaliste, consistant à peu arroser et à utiliser le moins d’engrais et de produits chimiques possible.

ÉTUDIER LA FLORE ET LA FAUNE DU CERN

La seconde mesure mise en œuvre a consisté à établir des inventaires des diverses espèces qui composent la faune et la flore du domaine du CERN. Réalisés en 2022, ils ont permis d’identifier des zones prioritaires à protéger lorsque des projets ou travaux sont prévus. Ces zones sont ensuite intégrées au système d’information géographique de l’Organisation.

Les inventaires sont essentiels à la surveillance des populations d’espèces, au repérage des zones d’intérêt biologique et à l’évaluation de leur importance, en vue de la mise en place de mesures de protection. Sur la base des recommandations des experts, les inventaires se sont concentrés sur la flore, les amphibiens, les insectes et les oiseaux. L’inventaire des amphibiens a révélé la présence de deux espèces protégées de grenouilles et deux autres de tritons. Ceux portant sur les insectes se sont concentrés sur les Lepidoptera (papillons) et les Orthoptera (locustes, sauterelles et grillons), ces groupes reflétant la qualité des milieux et l’efficacité des mesures de stabilisation mises en œuvre. Les relevés ont permis de recenser 62 espèces de Lepidoptera et 32 espèces d’Orthoptera sur les sites. L’inventaire de la flore, quant à lui, a permis d’identifier 13 espèces végétales menacées et deux nouvelles espèces d’orchidées, portant ainsi à 18 (dont deux sous-espèces) le nombre total d’espèces d’orchidées présentes sur le domaine du CERN.

Lycaena dispar (Karits)
Cuivré des marais (Lycaena dispar). (Photo: Erik Karits)
Phaneroptera falcata
Phanéroptère commun (Phaneroptera falcata). (Photo: Quel est cet animal ?)

POUR ALLER PLUS LOIN


Alison Lacroix est botaniste et ingénieure chez « Atelier Nature Paysage », la société de conseil qui a coordonné les inventaires de la flore et de la faune au CERN en 2022.

— Pourquoi est-il important de procéder à des inventaires de la flore ?

AL : Les inventaires de la flore sont importants dans la mesure où ils permettent de caractériser les environnements naturels et de repérer ceux qui ont un intérêt particulier, par exemple s’ils abritent une flore (et une faune) qui se développe uniquement dans certaines conditions. Ils peuvent également révéler des espèces rares, menacées ou protégées.

Réaliser des inventaires permet aussi de surveiller les effets des changements apportés aux pratiques de gestion et de stabilisation des populations, en comparant les données recueillies avant le changement avec celles obtenues cinq ans après, par exemple.

— Quelles sont vos observations concernant l’inventaire de 2022 ?

AL : La richesse des sites de Meyrin et de Prévessin sur le plan des orchidées était déjà connue. Cependant, l’inventaire de 2022 a mis en lumière la grande diversité des milieux, dont certains sont intéressants du fait de leurs caractéristiques ou parce qu’ils abritent des plantes rares, telles que Lathyrus tuberosus (gesse tubéreuse) et Ophioglossum vulgatum (Langue de serpent). Il a également permis d’identifier trois zones d’intérêt pour les orchidées sur le domaine clôturé du CERN. Personnellement, je n’avais jamais observé une telle densité d’Ophioglossaceae (bien qu’elles semblent avoir souffert de la sécheresse), ou de Himantoglossum hircinum (orchis bouc).

Encore plus

Les questions relatives au présent rapport peuvent être adressées à : environment.report@cern.ch.

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